28 juillet 2009 2 28 /07 /juillet /2009 23:00

Le Bulletin Communal n°95 comme lecture de plage.

Pages 10 à 12: Toujours Schweighouse.
Mercredi 29 juillet.

La plage retenue cette semaine par Vincent pour feuilleter tranquillement le Bulletin n'a été ouverte au public que tout récemment. A tel point que les employés de la commune s'affairent encore à mettre en place  les derniers aménagements.
Toute cette agitation ne troublera pas sa lecture, mais lui apportera au contraire un peu de distraction.
Il se dit qu'il en aura bien besoin en découvrant le titre de la page 10.

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Chapitre 1  Page 10: "Finances".

Ce sujet austère provoque généralement l'ennui. Lors des séances du conseil municipal, son évocation se résume trop souvent à un  long monologue,  soporifique et incompréhensible au profane, auquel se livre Richard Barth, adjoint aux Finances.
Pourtant, se dit Vincent, il s'agit là d'un domaine majeur, au coeur des enjeux de la politique municipale, et qui ne peut donc être monopolisé par quelques uns, jaloux de leur petit savoir ou qui feignent de maîtriser leur sujet.
D'où la nécessité d'une véritable pédagogie en la matière.



A la lecture du premier article, consacré au "budget primitif principal 2009", il constate qu'il reste bien des progrès à réaliser en termes de transparence et de lisibité, pourtant indispensables en  démocratie.

Il note en premier lieu que la présentation sommaire, en deux colonnes, des dépenses et des recettes, manque singulièrement  de précisions. Il lui revient en mémoire  Bulletin Communal n° 92 de l'automne 2008, dans lequel la présentation du budget primitif d'alors comportait un peu plus de détails, avec des diagrammes circulaires ou "camemberts", qui distinguaient fonctionnement et investissement.

Avec cette présentation très vague, l'équipe en place peut facilement noyer dans la masse la police municipale, dont le coût n'apparaît toujours pas , ainsi que les nombreuses acquisitions immobilières (maisons et terrains).
En 2008, par exemple, les acquisitions d'immeubles s'élevaient à 500 000 euros. Or, si l'on ne compte que les trois maisons achetées par la municipalité depuis (Bock, Martin et Codec), on arrive déjà à 1.8 M (millions) d'euros, sachant que pour deux d'entre elles, la destination demeure inconnue et que pour toutes les trois, des travaux importants sont à prévoir, auxquels s'ajoutent entre temps les études diverses à effectuer (faisabilité...).
Ces achats, très lourds, effectués rapidement et sans transparence, expliquent-ils que les emprunts budgetisés soient passés de 1.430  environ à 3 M d'euros?

Concernant les recettes de fonctionnement, Vincent remarque, comme chacun sait, que le premier apport pour la collectivité provient des impôts et des taxes, donc de la fiscalité, avec 3.4 M d'euros.
Or, dans l'article qui figure en-dessous, l'adjoint aux Finances se félicite de la non-augmentation des impôts locaux, plaçant Schweighouse dans des taux inférieurs à la moyenne départementale, tant en termes de taxe d'habitation que foncière. Schweighouse Autrement s'est engagé en effet à ne pas augmenter les impôts ni les taxes.
Toujours cet antifiscalisme primaire, vieux fond démagogico-poujadiste, qui fait de l'impôt l'ennemi, alors qu'il est là précisément pour permettre le bien commun. "Quel manque de courage!" lance Vincent. Le discours est simpliste: "Les méchants qui augmentent les impôts, c'est pas nous, c'est ceux d'en-haut, là, le conseil général et l'Etat. Nous, on est les gentils qui n'augmentent pas les impôts, car on est proche de vous." Consternant!
Parallèlement, l'annonce de la suppression de la taxe professionnelle n'est même pas évoquée. Elle ne semble pas inquiéter le moins du monde l'équipe en place, qui a une fâcheuse tendance à vouloir ignorer ou feindre d'ignorer le contexte national, se croyant probablement à l'abri. Vincent se remémore un extrait de l'éditorial du Bulletin précédent dans lequel Marcel Schmitt déclarait à propos de la crise économique, de l'annonce de la réforme territoriale et de la suppression de la taxe professionelle:"(..) nous avons décidé de faire fi de tout cela (...)"!

Il se  pose plusieurs  questions: "La taxe professionnelle est-elle comprise dans la ligne "Impôts et taxes"? Combien rapporte-elle  à Schweighouse? Comment la municipalité compte-t-elle compenser le manque à gagner?"

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Dans ses déclarations précédentes, l'équipe Schmitt avait beaucoup promis, à grand renfort de formules ronflantes. Elle avait annoncé pour 2009 un "budget d'actions", avec un budget de fonctionnement équilibré et un programme d'investissement ambitieux.
En 2008, elle avait même prétendu proposer un budget "qui s'inscrit dans une vision tournée vers l'avenir créant la rupture avec une vision passéiste". On croit rêver tant Marcel Schmitt incarne précisément une vision dépassée, poussiéreuse de l'Alsace en général et de la
commune en particulier, qui, si ça ne  dépendait que de lui, se transformerait bien vite en une  sorte d'écomusée kitsch, ringard  et ennuyeux.

Toutes ces grandes phrases prétentieuses paraissent bien excessives  et creuses.
D'où la proposition n°8 qu'il s'empresse de noter dans son petit carnet:
" Inviter chaque année  les citoyens de la commune à une présentation simple, claire, transparente et complète des principaux choix budgétaires, avec une partie consacrée aux questions".



Conscient que le sujet est loin d'être épuisé et que bien des points pourraient faire l'objet d'analyse et de discussions, il décide néanmoins de s'accorder une petite pause.

Une petite discussion avec un couple de touristes sud coréens, qui se prélasse sur la plage, s'avère instructive. Espérant encore pouvoir se faire photographier au pied des bustes d'Alsaciennes, quelle ne fut pas leur déception quand Vincent leur apprit le départ de celles-ci. "Reste la cigogne" me dit le monsieur. Là encore, je dois lui avouer qu'elle n'est plus venue depuis bien longtemps. "Mais si vous restez un an ou deux, vous aurez des toilettes catholiques et publiques à 44 000 euros, ça n'est pas mal non plus", tenta-t-il dans une improvisation désespérée dont le seul but était de contribuer modestement au rayonnement culturel mondial de la commune. Ils ne parurent pas enchantés...
Puisque c'était comme ça, ils iraient visiter le Musée de l'Imagerie populaire de Pfaffenhoffen.
Vincent, un peu contrarié, se replongea dans sa lecture estivale, non sans avoir bu quelques gorgées de sa boisson favorite, que les habitués du feuilleton connaissent bien.



Chapitre 2 Page 11: "Social" et "Gros plan sur...".

Le premier article, sous la rubrique "social",  présente le RSA ou Revenu de Solidarité Active.
Tiens, se dit Vincent, sur ce point là au moins, l'équipe au pouvoir n'a pas décidé de "faire fi" de décisions venant den-haut. Mais elle est sans doute tenue par une certaine obligation d'information auprès des citoyens. L'article n'étant toujours pas signé, on ignore s'il émane de la municipalité. Peut-être Azia Deiss, adjointe aux Affaires Sociales, mais rien n'est moins sûr.



Ce qui semble clair en revanche pour Vincent, c'est qu'il ne faut pas compter sur Marcel Schmitt pour avoir une politique sociale digne de ce nom.
Quand il l'avait rencontré en décembre 2008 dans son bureau, le Maire avait évoqué, la larme à l'oeil, ces habitants de la commune en difficulté  qui viennent le voir , dans l'espoir qu'il saura leur trouver une solution. Il avait alors osé cette phrase: "Vous savez, on aimerait mettre la main à la poche pour pouvoir les aider". Et il avait accompagné ses propos du geste correspondant, comme s'il allait effectivement sortir de sa poche quelques billets ou pièces. Il avait trouvé ces propos et ce geste obscènes, révélateurs d'une vision compassionnelle et  paternaliste du social. Un assistanat façon charité chrétienne digne d'une époque qu'on voudrait révolue.
Il se souvient aussi de plusieurs propos du Maire laissant penser que seuls les habitants contribuables ont leur mot à dire. Il faudrait lui rappeler que la citoyenneté active n'est plus réservée à ceux qui paient des impôts. Le suffrage censitaire a été aboli, Monsieur le Maire.
Un autre moment lui revient. Lors d'un conseil municipal où la question du Relais Culturel avait été abordé, peut-être celui de décembre 2008, Azia Deiss, adjointe aux Affaires Sociales, avait affirmé que certaines personnes à Schweighouse sont dans le besoin et qu'elles n'ont pas les moyens d'assister à des spectacles, surtout en période de crise économique. Comme s'il fallait opposer le social et le culturel, alors que précisément toute la démarche dudit Relais a consisté à démocratiser la culture, notamment par le biais de l'école! Une culture populaire digne de ce nom a pour ambition d'ouvrir une programmation de qualité au plus grand nombre, pas seulement aux plus fortunés.
"Qui a parlé d'élitisme?"

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C'est bien l'équipe en place qui fait preuve d'élitisme quand elle estime que les Schweighousiens ne méritent pas une programmation culturelle de qualité.

D'ailleurs, il a beau chercher, il ne trouve nulle trace d'une politique sociale depuis l'élection de Marcel Schmitt.
Lors du dernier conseil municipal, le Maire et son équipe a refusé, une fois de plus, de "dévoiler" un  projet concernant le Codec. S'agirait-il d'une épicerie sociale?  Voilà à quoi nous, pauvres citoyens de base, en sommes réduits: Formuler des hypothèses. Pourtant, c'est bien l'argent de nos impôts qui contribue en grande partie à financer ces achats et ces projets.

Quant à la crise économique, à part pour justifier la mise à mort du Relais Culturel, auquel cas elle a bon dos, elle ne semble pas figurer parmi les préocupations des élus de la majorité, peu sensibles aux difficultés et licenciements qui touchent certains de nos concitoyens.
Aucun discours, aucune action sur ce terrain: "Quel silence assourdissant!" .

Il pense à ce moment là aux salariés d'Expressions Communes licenciés au plus fort de ladite crise économique, et dont quelques élus de la majorité n'ont pas daigné voter les indemnités de licenciement. "Ils ne doivent sans doute pas savoir ce que chômage signifie, ces gens-là!" se dit-il.

Monsieur Gorzelanczyk, adjoint à l'Economie et à l'Emploi, serait bien inspiré de se retrousser les manches, plutôt que de sombrer dans une polémique personnelle et haineuse qui n'intéresse plus personne, même Marcel Schmitt.
Quand il était dans l'opposition, il fallait l'entendre reprocher au Maire d'alors son manque d'initiative quant aux difficultés de l'équipementier américain Johnson Controls.


Il passe du coq à l'âne avec le second article.
Intitulé "Gros plan sur...", il se félicite des résultats de jeunes sportifs qui résident dans la commune. En l'occurence, il s'agit de jeunes sportives, deux gymnastes plus précisément.
Elle font partie d'un club haguenovien.
Alors, étant donné leurs performances, Vincent décide de leur lancer un appel solennel:
"Mesdemoiselles, puisque vous résidez à Schweighouse, franchissez le pas et adhérez s'il vous plaît à une association sportive de cette commune, l'Union par exemple, afin que cette dernière puisse bénéficier, grâce à votre talent, des subventions nécessaires à sa survie, puisque bientôt, les sommes versées aux associations dépendront des résultats obtenus par ses membres."
Désormais, les associations doivent partir à la recherche de talents qui sauront décrocher des médailles et des titres.
Bienvenue dans le monde de la critérisation!

Alors que les employés municipaux ont terminé leur travail, il décide de se dégourdir un peu les jambes sur cette plage qui pour l'instant est restée propre (pouvu que ça dure) et où les bancs sont toujours en place (pourvu qu'ils soient bien scellés).



Chapitre 3 Page 12: "Gros plan sur..." (suite).

La municipalité a décidé de communiquer sur l'une de ses grandes fiertés: le nid de cigogne. D'abord l'installation du nid le 11 mars, puis le passage de la première cigogne le 1er avril (ça ne s'invente pas...).

Le blog a déjà évoqué plusieurs fois cette question, avec des articles de Kévin en particulier.
Vincent, qui suit de très près toutes les séances du conseil municipal, n'a pas le souvenir que cette question ait été débattue. Il lui semble, mais peut-être se trompe-t-il, que Marcel et son équipe ont décidé unilatéralement d'installer ce nid. C'est donc au hasard d'une promenade qu'il l'a découvert. De même qu'un citoyen lecteur du blog leur avait signalé dans la foulé l'existence d'un autre nid, mais sans doute privé celui-là, chez Madame Halter, adjointe à la Culture.
Tout cela est bien gentil. La cigogne, c'est à la fois l'alibi écologique et le cliché régionaliste. D'une pierre deux coups. Peut-être un troisième avec l'argument touristique.
Marcel persiste à figer l'Alsace dans des images convenues. Après les coiffes, la cigogne.
Vincent lui rappelle les autres "C" de l'Alsace-carte postale kitsch:

"Les Colombages, la Choucroute, la Cathédrale (ça c'est plutôt pour Strasbourg, je tiens à le préciser, quand même, il ne faudrait pas qu'il nous construise vraiment une cathédrale le Marcel...)".


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Dommage qu'il n'y ait pas la Culture dans la liste...
Bon, pour les coiffes, ce fut un véritable fiasco (relire la saga des coiffes écrite par Anne, et qui n'est pas terminée). Cette  fois, avec la cigogne, il espère se rattraper. Le Bulletin nous dit que ça marche, regardez, elle est venue. Trop beau pour être vrai? Elle aurait été attirée par un produit spécialement conçu pour cela...Ou peut-être vient-elle de Pfaffenhoffen, puisque désormais nous sommes comme cul et chemise avec cette commune.
Elle ne s'est pas montrée depuis, il paraît qu'elle est gênée par le faisceau lumineux de l'Amoxis. Comme on la comprend! A moins qu'elle ait compris le mauvais rôle  qu'on veut lui faire jouer.


Un deuxième article figure sur la page 12: "La fête du pain à Schweighouse".
Elle a eu lieu le 17 mai.
Vincent n'y a pas participé. Il avait bien vu, comme les autres, les tracts et affiches dans sa boulangerie, mais n'a pas été convaincu le moins de monde par ce concept.
Ce genre de manifestation officielle, religieuse et commerciale, ne revêt pas selon lui de caractère festif.
Défiler avec les autorités préfectorales, les élus d'ici et d'ailleurs, assister à une messe, même oecuménique, puis au vin d'honneur pour subir un discours et enfin partager un repas dominical: le programme ne l'enchante guère.
Vincent se dit que décidément, notre commune n'a pas encore su se doter d'une belle fête populaire, conviviale, qui rassemble les habitants autour de plaisirs simples, notamment celui d'être ensemble, dont l'initiative vienne d'en bas, dont l'organisation repose sur les habitants, sans musique assourdissante, sans argent à récolter, sans passer des heures attablés, sans discours officiel et ennuyeux, qui s'inscrive dans le territoire et l'histoire de Schweighouse...
Il y a bien la fête des rues, mais il faut voir ce que l'on en fait...
En tout cas, s'il y bien un point sur lequel il est d'accord avec la municipalité en place, c'est la gratuité de la fête des rues, en tout cas le fait de ne plus payer à l'entrée de la fête, ce qui, pour une fête des rues, était quand même un comble, même si l'argent allait aux associations.

Pour une fois qu'il félicite Marcel, il se dit qu'il doit s'arrêter là pour aujourd'hui.

Arrivé à mi-chemin de la lecture du Bulletin, il reprendra son ouvrage mercredi prochain, sur une autre plage sans doute.

 
Vincent-002-copie-1Anne-004Vincent FAVRE, assisté de son inséparable et indispensable collaboratrice Anne HAENEL.


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